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Porcupine Music "L'art qui vous prend à rebrousse poil"
31 juillet 2014

To go deep into the pain : deux albums coup de coeur

 

Chers internautes !

   C'est à une véritable résurrection du site que vous assistez en direct. Milesahead renaît de ses cendres pour rassembler les brebis embourbées au sein du marasme de l'industrie musicale et les en extirper pour les exposer à la lumière de sa science toute-puissante...Bon, trève de plaisanteries, je suis là pour parler musique, et avec humilité, s'il vous plaît !

   Rappelez-vous : je vous avais laissé, il y a presque deux ans de cela (je suis sûr que vous êtes encore tout éblouis par l'expertise de ces pages qui ont dû vous marquer à jamais), en plein coeur de la description d'un de mes groupes de metal fétiches, j'ai nommé Pain of Salvation. Et aujourd'hui, j'ai décidé de vous offrir en vitrine "coup de coeur" mes deux albums préférés (même si, entre nous, tous les albums sont bons), j'ai nommé Remedy Lane (à obligatoirement coupler, au moins une fois, avec une écoute de The Perfect Element qui en est un parfait jumeau) et One Hour By The Concrete Lake (que je hisse fièrement à la première place de mon podium personnel).

I- Remedy Lane (2002)

 

Pain-Of-Salvation-Remedy-Lane-A

   Remedy Lane est le quatrième album du groupe suédois. C'est aussi le dernier de la période dite "metal progressif pur" du groupe. Par la suite la bande à Daniel prendra des sentiers un peu moins balisés. Pour beaucoup d'esprits chagrins (dont je ne fais pas partie), il s'agit surtout du dernier bon album de la formation.

   Comme la pochette le dit assez clairement (elle a été réalisée par les mimines de "l'homme-à-tout-faire-obsédé-par-la-maîtrise-totale-de-son-oeuvre" Daniel Gildenlöw "himself", ce qu'on peut ou pas, au vu du résultat, regretter...), l'album parlera des relations de couple homme-femme avec toutes les pistes émotionnelles que cela implique, comme les souffrances, déchirures et autres tortures psychologiques (quoi, il y a du positif dans les rapports amoureux ?)... Vous l'aurez compris, il s'agit-là d'un "concept album" comme on l'aime chez les progueux. Alors, qu'est-ce que c'est, un "concept album" ? Pour faire simple, il s'agit d'un disque qui est construit autour d'un thème central et tous les morceaux du disque gravitent de manière plus ou moins étroites autour de ce thème.

   Ainsi, les chansons déroulent plusieurs étapes d'une vie de couple et les tensions et questionnements existentiels que cette vie engendre. Toutes sont aussi joyeuses les unes que les autres : ainsi, dans "Second Love", comme son nom l'indique, le chanteur se lance dans une longue complainte sur l'impossibilité d'aimer à nouveau à l'issue d'une douloureuse rupture, tandis que "A Trace of Blood" relate les supplices d'un couple confronté à la fausse couche de l'épouse et au fantôme de leur enfant "mort né". Néanmoins, "Waking Every God" et "Heart of mine" égaient un peu le tableau. La seconde chanson, très touchante, raconte, de manière un peu naïve, le renouvellement des promesses de l'amant : chérir sa bien aimée jusqu'à la fin de ses jours (avec l'ombre laissée par la seconde partie où l'amoureux affirme qu'il "croit" son coeur et son esprit. Le doute plane alors... tout ceci n'est-il qu'illusion ?). "Waking every God", hymne quant à lui un peu puéril, narre l'envie du jeune homme de se changer en Hercule pour sa douce, et regrette de n'être limité que par sa fragile humanité.

   Sur le plan musical, nous avons affaire à un son musclé, typique du metal progressif. Les guitares sont agressives, les rythmiques pesantes. La voix du chanteur est plus versatile que jamais, toujours aussi douée pour faire passer les diverses émotions du personnage qu'il incarne. Je vous conseille vivement une écoute intégrale du disque sans interruption pour prendre pleinement la mesure du travail de composition. Ainsi, si chaque chanson peut parfaitement être prise isolément, M. Gildenlöw a bien pris soin de parsemer des motifs musicaux sur l'ensemble de l'oeuvre, ce qui témoigne bien de l'idée d'une architecture d'ensemble dans l'esprit du géniteur suédois. Rassurez-vous, je ne fais pas de l'album un opéra, et ne transforme pas les lignes mélodiques migrantes du disque en leitmotiv wagnériens, il s'en faut. Toutefois, ce procédé est suffisamment rare pour être souligné dans le milieu du metal, et illustre une ingéniosité peu commune.

   Voici un exemple parmi d'autres :

Chain Sling - Pain of Salvation

Pain Of Salvation - Beyond The Pale

   Allez, qui sera assez fin pour identifer le motif repris ?

   Petit mot sur "Beyond the Pale". Cette chanson résume bien les réflexions gildenlöwiennes (quel néologisme affreux) sur la gestion humaine des pulsions. Il s'agit bien sûr ici de la pulsion sexuelle qui condamne le personnage à l'insatisfaction (et toc, voici l'oeuvre de Houellebecq résumée en une dizaine de minutes avec plus de profondeur dans le propos). C'est également ce morceau de clôture qui contient la fameuse phrase "we will always be much more human than we wish to be" dont l'ambivalence n'est pas à prendre à la légère : l'homme sera-t-il toujours décevant et monstrueux ou l'humanité de l'homme restera-t-elle une torche entêtée dans le chaos de l'histoire, défiant tous les souffles et toutes les bourrasques ?

 

II-One Hour By The Concrete Lake (1998)

1998

 Voici mon album préféré ! Pour moi, il s'agit du disque le plus intéressant tant au niveau de sa thématique que de sa musique. Et oui, entre intellos on se comprend, et Daniel s'avère un chercheur avisé qui eût pu s'affirmer comme un universitaire de tout premier choix, si l'on en croit l'abondante bibliographie qui a concouru a l'élaboration des textes de cet opus. Voici le premier album de metal écologique qui critique l'industrialisation mondiale de masse et les guerres absurdes et meurtrières. Le développement de l'armement est comparé à un Leviathan, une "machine" monstrueuse qui avale l'humanité et le sentiment. De plus, le disque évoque la boucle écoeurante de l'histoire, où le pélerin de la sagesse sort de l'étude d'une catastrophe pour tomber dans une autre, identique à la précédente en manière d'absurdité et de folie (pensons au néo-totalitarisme de Poutine...). 

   Sur le plan musical, le dique présente l'une des plus belles balades du groupe, "Pilgrim", chanson bouleversante qui traite de l'ambivalence de la quête de connaissance : la recherche apporte la sagesse mais aussi des aberrations (la bombe atomique, indirectement évoquée), l'apprentissage va de pair avec la chute des certitudes et l'émergence d'un doute radical etc.

   Bon, je me mets à lourdement philosopher... Finissons plutôt sur une anecdote amusante... Devinerez-vous le temps que dure le disque ? (tout est dans le titre...) . Pour y arriver, Daniel n'a pas hésité à faire tourner les bandes pendant près de dix minutes pour atteindre cette durée. A vous de combler ces longues minutes de silence...

 

 

 

Allez, petite video pour finir, je vous présente "Pilgrim". Puissiez-vous suivre ses traces !

Pain Of Salvation Pilgrim

    Mes messages sont toujours aussi prolixes mais le fil rouge demeure le même : une passion indéfectible, mes chers internautes !

Musicalement vôtre.

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Commentaires
V
Encore bravo pour ce très bel article qui souligne à la fois tes qualités tant musicales que littéraires !<br /> <br /> Amitiés,
Porcupine Music "L'art qui vous prend à rebrousse poil"
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