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Porcupine Music "L'art qui vous prend à rebrousse poil"
18 janvier 2012

Milestones : une carrière entre rupture et continuité

   Miles Davis est un musicien dont l'oreille était toujours tendue vers la musique de son temps, et dont le nez flairait dans l'air le terreau fertile qui ouvrait les perspectives vers le son de demain. J'ai déjà utilisé le terme de Protée dans le message précédent, et je le réemploie ici, car c'est bien de cela qu'il s'agit. Miles a surfé sur les esthétiques, a réinventé son jazz (voire le jazz en général si on n'a pas peur des mots) un certain nombre de fois. Ce sont ces diverses (r)évolutions de sa musique que je vais essayer de retracer. 

I-Le Bebop (1945-1955)

charlie_parker_and_miles_davis

Miles avec Charlie Parker (1945). Le jeune trompettiste avait alors 19 ans.

   Miles n'est pas l'inventeur de ce genre musical, (l'illustre rondouillard droit comme un "i" au saxophone alto que vous voyez sur la photo), mais il comprend tout de suite que le jazz de demain se passe avec le saxophoniste Bird (l'illustre rondouillard droit comme un "i" au saxophone alto que vous voyez sur la photo),  et le trompettiste Dizzy Gillespie, grand virtuose de l'instrument qui refilait des complexes à notre jeune musicien (il y avait de quoi). Le bebop est un jazz qui tranche avec le "swing" alors en vogue, il proposait des structures harmoniques beaucoup plus complexes et audacieuses que par le passé, ainsi qu'une rythmique "up tempo" qui partait à toute berzingue.

   Force est de reconnaître que Miles, qui ne faisait au départ que remplacer Dizzy auprès de Bird, est encore un peu "vert" dans ces années-là. Il ne possède clairement pas la technique nécessaire pour se risquer dans cette musique. Ses solos sont un peu ternes, ils manquent de fougue, et la sonorité n'est pas encore trouvée. Clairement, ce n'est pas son style. Néanmoins, il apprend énormément, puisqu'il est tout simplement en présence du plus grand jazzman de la planète à l'époque, qu'il admire beaucoup par ailleurs.

   Certaines constantes de son caractère et de sa manière de gérer sa carrière sont déjà-là : une intuition infaillible pour capter les tendances innovantes du moment, ainsi que les grandes figures qui façonnent le jazz de demain. Si sa carrière est pavée d'aussi nombreuses réussites, c'est qu'il sait très bien s'entourer, et choisir les meilleurs.

Voici un extrait de cette période (c'est un blog qui parle de musique quand-même, il était temps de pouvoir en écouter !)

http://www.youtube.com/watch?v=5zsLwXUraNE

(j'aurais voulu envoyer la video mais le blog ne me permet d'insérer que des video dailymotion et ne me permet pas d'accéder à ce que je veux. SCANDALE ! Je vous envoie donc le lien youtube vers Now is the time, un "tube" bebop de 1945, avec Bird au sax et Miles à la trompette.

 

II Birth of the Cool (1949)

Miles-Davis-Birth-Of-The-Cool

Pochette de l'album Birth of the Cool

Miles comprend rapidement que ce jazz rapide et virevoltant n'est pas pour lui, et s'il reconnaît le génie de Charlie Parker, il doit emprunter un autre chemin. C'est ainsi qu'il va rencontrer un homme qui jouera un rôle clef dans le développement de sa musique : Gil Evans, un brillant arrangeur et orchestrateur. Les deux hommes vont merveilleusement bien s'entendre, une solide et durable amitié est en train de naître, jusqu'à la mort du tromprettiste en 1991. Tous deux vont réunir un nonette (neuf musiciens), formation très rare dans le jazz, qui réunissent entre autres le saxophoniste Lee Konitz (qui officie encore aujourd'hui) et le batteur Max Roach, star du Bebop. Leur ambition est de faire un jazz moins fiévreux, plus doux, mêlant les dernières recherches de l'orchestre de Duke Ellington (que Miles et Gil adoraient), et un swing subtil.

   Il en résulte donc un jazz plus 'froid' (mais non sans émotions), d'où le nom donné au mouvement naissant le 'cool jazz'. Les résultats musicaux de cette formation se retrouvent sur le cd au titre explicite dont je vous ai affiché la pochette ci-dessus. La musique, assez tranquille en effet, mélange de manière encore assez inédite en jazz écriture rigoureuse et improvisation, et fait preuve d'un grand raffinement harmonique. Jugez plutôt :

http://www.youtube.com/watch?v=8Qq2NLrbL7o

(Même problème, Dailymotion offre vraiment un choix trop limité de videos par rapport à Youtube. Il s'agit ici de "Moon Dreams", ma pièce préférée de l'album)

   Une autre grande tendance du personnage s'affirme ici : Miles ne s'attarde guère sur ses découvertes. Dès qu'il sent qu'une formule est au point, il passe à autre chose. Ainsi, il quitte la mouvance "cool" aussi rapidement qu'il l'aura lancée. C'est un autre grand trompettiste qui sera la figure de proue du genre : le fameux Chet Baker.

thumbnail

Voici un extrait video de ce grand musicien :

 
Chet Baker - My Funny Valentine (live 1959)

   A bientôt pour de nouvelles aventures sur les traces de Miles, chers internautes !

  

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